Arles 1888

La fin du XIXème (entre 1886 et 1900) fut marquée par l'avénement de l'art moderne, de moins en moins figuratif,  avec des tableaux de moins en moins "ressemblants", et dont les trois "fondateurs" furent vraisemblablement Cézanne, Gauguin et Van Gogh.  D'un autre côté,  les peintres à cette époque n'ont jamais été aussi nombreux, et ce sur tous les continents, engendrant d'innombrables chefs d'oeuvre, dans tous les styles. Mais ce sont ces trois là qui donnèrent une impulsion décisive à l'art moderne.De plus, même à Paris où les susmentionnés se sont croisés, travaillaient encore d'authentiques "géants" qui avaient marqué la période précédente, comme Manet (qui mourut en 1893), Monet, Degas, Renoir, sans compter le météore que fut Toulouse-Lautrec (1864-1901). 

Qu'avaient donc ces trois peintres, Cézanne, Gauguin et Van Gogh? Autodidactes (sauf peut être Cézanne, mais il eut du mal à terminer ses études d'art), ils introduisirent une telle rupture dans la conception des tableaux par rapport aux codes dominants de l'époque, qu'on peut à leur égard, reprendre la sentence de Poussin à l'encontre du Caravage, à savoir "qu'ils étaient venus pour détruire la peinture".

Ce fut particulièrement le cas de Gauguin, dont l'entreprise de démolition fut complètement assumée, liée à sa détestation de la vie contemporaine au point qu'il finit par abandonner sa femme et sa famille et fuir la civilisation industrielle qu'il exécrait, mais dont il attendait aussi reconnaissance et gratifications.  Sa grandeur , réside justement dans les buts qu'il s'est assigné, et auxquels il a sacrifié une grande partie de son existence sans compromis: inventer un nouveau langage pictural qui i lui procure une complète liberté au service  d'une vision personnelle et profondément imaginative de la représentation du réel. Il y consacra les dernières annnées de sa vie qu'il vécut en Polynésie, isolé, sans ressources, dans un milieu social étroit dominé par les "petits blancs", mais au sein d'une nature paradisiaque. 

Van Gogh fut en un certain sens, l'antithèse de Gauguin : il était tourmenté, peu sûr de lui même, pyschologiquement fragile, vivant aux crochets de son frère Théo qui croyait en lui.  Il  poursuivait lui aussi  une quête de renouvellement artistique, fondée sur l'interprétation de la nature plus que sur l'abstraction imaginative, le mantra de Gauguin. On sait qu'il  finit dans la folie, tombant  gravement malade jusqu'au point qu'il se suicida, à même pas 37 ans.

Or il se trouve que Van Gogh et Gauguin cohabitèrent à Arles pendant 3 mois, à l'initiative du premier, qui avait invité son collègue à venir partager son logis pour y créer le noyau d'une "communauté". Gauguin, fauché, accepta de partager sa quête picturale avec Vincent, et par la même de se faire entretenir par le frère, Théo, qui payait tous les (modestes) frais. Mais de cette rencontre  naquit un drame qui poussa Gauguin à fuir au bout de 2 mois après que Van Gogh se fut coupé l'oreille. Cet incident et la fuite de Gauguin, firent sans doute basculer peu à peu Van Gogh dans la folie, en même temps qu'elle contribua à le faire aller, lui aussi, jusqu'au bout de sa quête picturale. Sans le vouloir probablement, Gauguin, avec sa personnalité taillée à la serpe, fut le catalyseur de la maladie de Van Gogh, le point d'origine de la suite des événements qui aboutirent au suicide du Hollandais,  et l'accoucheur de son génie.    

La présentation: 

Arles 1888 3 (5.14 Mo)

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