Le Salon des Beaux Arts, où étaient exposées les plus "belles" oeuvres picturales et sculpturales produites dans les années précédentes selon le goût de l'époque, fut une institution fondamentale pour les peintres français pendant près de 3 siècles (entre le milieu du XVIIème et la fin du XIXème), avec des périodes d'interruption. Initialement réservés aux lauréats de l'Académie des Beaux Arts, il fut "démocratisé" à la Révolution, et tout peintre pouvait demander à y être exposé. Au XIXème, c'est là qu'on y acquérait une réputation, qu'on y gagnait des médailles, que l'Etat achetait les oeuvres. Jusqu'à la fin du siècle, les marchands d'art n'occupaient pas la position dominante, l'Etat était à la fois juge et client principal des artistes. Le Salon était l'occasion unique pour eux de montrer leurs oeuvres, surtout en début de carrière. Initialement installé dans le Salon Carré du Louvre (d'où son nom), il fut déplacé, en raison de la profusion des oeuvres exposées, au "Palais de l'Industrie" en 1855, un édifice construit avenue des Champs Elysées, pour l'Exposition Universelle.
La démocratisation du Salon avait conduit à ce qu'au milieu du XIXème, la production artistique atteignait une ampleur inouïe. On y exposait plus de 3000 oeuvres, et il y en avait autant voire plus de refusées (plus de 4000 en 1863). Les oeuvres étaient donc sélectionnées par un jury constitué de fonctionnaires et de professeurs des Beaux Arts, artistes consacrés qui, au XIXème siècle, étaient perçus comme "académiques". Le rôle du jury était fondamental. En 1863, devant la colère des nombreux artistes dont les oeuvres n'avaient pas été admises, Napoléon III instaura un "Salon des Refusés" où purent exposer beaucoup d'artistes que l'on reconnait aujourd'hui comme des "maîtres" et qui avaient été refusés par le jury du Salon officiel. En 1880 Jules Ferry mit fin au monopole de l'Académie des Beaux Arts sur l'organisation du Salon, et d'autres initiatives apparurent alors, comme le "Salon des Indépendants". A cet époque, le marché de l'art était suffisamment développé et les artistes purent se passer d'exposer au Salon officiel.
L'exposé qui suit propose une "promenade" au sein de quelques oeuvres représentatives du Salon de 1859: Salon 1859 (3.79 Mo).